J’ai toujours eu un faible pour les activités nautiques et j’ai décidé l’année passée de me remettre dans un Kayak. Mon expérience avait plutôt été en kayak de mer et en kayak de rivière en eau calme avec mon chien, alors les gros bouillons étaient une zone inconnue pour moi. Il faut dire que lorsque l’on consulte les vidéos de kayak on est toujours dans des séquences impressionnantes, c’est comme s’il n’y avait pas de juste milieu. Malheureusement c’est une maladie dans la plupart des sports, la performance dans les extrêmes. En dehors du divertissement pour les yeux, peu de gens peuvent se reconnaître dans de telles vidéos.
Je m’adresse donc au néophyte qui est simplement curieux et qui aimerait avoir le point de vue d’un nouveau membre.
Le cours en piscine est un peu comme une pouponnière où l’on apprend à apprivoiser le matériel et certaines techniques. Je dis bien apprivoiser et non forcément maitriser. Pratiquant plusieurs sport nautique, j’ai hésité à m’inscrire. Avec le recul, je dirai que c’est une étape quasi indispensable. C’est un privilège de pouvoir pratiquer sans les contraintes réelles d’une rivière. C’est aussi l’occasion de se mettre en confiance avec les moniteurs, qui ont ce sport tatoués sur la peau. Parce que lorsque vient l’étape du baptême en rivière on est toujours plus à l’aise si on connait une partie des moniteurs. C’est psychologique, ce qui est connu nous rassure.
Ce qui m’amène à vous parler du cours d’initiation en rivière. Pour avoir vue les deux groupes de l’année 2014, je dirais qu’il y avait deux catégories. La majorité ne savait pas esquimauter, et l’autre partie venait prendre de l’expertise dans toute la palette des techniques en eau vive.
Le point positif, c’est que le site est adapté pour tous les niveaux. Des groupes se forment qui sont encadrés par un moniteur et plusieurs accompagnateurs bénévoles. Techniquement vous devriez nager à plusieurs reprises. On ne devient pas bon en restant au bord de la rive, comme tous les sports, il faut passer par l’étape de la médiocrité ! Et oui … Vous allez passer par toutes genres d’émotions. En regardant le moniteur montrer les exercices à venir tout va vous sembler beau et facile. Puis en voyant vos collègues vous aller réaliser que c’est pas mal moins fluide, et lorsque viendra votre tour, votre cerveau sera en mode bipbipbip. Vous assimilerez mieux certains exercices que d’autres, vous serez transporté de joie lorsque tout coulera de source, vous serez frustré lorsque plus rien ne marchera, mais votre plus grande démon sera la peur d’échouer. Quoiqu’il en soit, dans le pire des cas vous nagerez un peu avant de pouvoir harponner le kayak d’un encadreur qui viendra vous chercher rapidement.
Ce qui est surprenant, c’est de constater à quel point un groupe de personnes qui ne se connaissaient pas avant de prendre le cours sont solidaires les uns avec les autres devant l’adversité de leur apprentissage. C’est un point que je n’avais pas imaginé en m’inscrivant. Mais ce qui reste le plus impressionnant, c’est l’engagement de toute l’équipe, autant les moniteurs que les encadreurs et les coordonnateurs. Toutes ses personnes ont des niveaux d’expertise élevées et leur dévouement, ainsi que leur patience m’ont « flabergasté ». Le Kayak est un sport individuel, vous êtes seul aux commandes et paradoxalement c’est un sport de communauté où tout le monde s’entraide, peu importe le niveau. Ce qui est rare dans un domaine sportif aussi dynamique. Généralement les experts côtoient peu les débutants et parfois même les méprises. Ils ont juste oubliés qu’eux aussi un jour ont été des débutants…
Dans les descentes de rapides, j’ai souvent nagé parce que je savais que c’était l’occasion pour moi de voir où étaient mes limites de manière sécuritaire, même si j’ai souvent bu la tasse. Ne pas avoir à se soucier de son Kayak, savoir que rapidement on va se faire remorquer, ça c’est un must quand on veut booster sa courbe d’apprentissage. Dans toutes mes sorties j’ai eu vraiment peur deux fois, mais je savais que je ne devais pas paniquer, même si mon cerveau capotait parce qu’il n’avait plus de repère. Et bien sûr, ces deux fois-là sont celles où j’ai tiré le plus de leçons. La première fois qu’on se fait prendre dans une marmite on s’en souvient longtemps ; la première fois que le rouleau d’une vague vous aime tellement qu’il vous garde un peu plus longtemps, on apprend à respecter les forces de la nature.
Et puis, il y a la fierté de progresser après des dizaines de tentatives infructueuses, de se dépasser, d’apprendre à jouer avec la rivière et non la dompter, de prendre conscience que les bras ne font que tenir la pagaie, et que tout le reste du corps travaille. Bref, je vous invite à sortir de votre zone de confort pour aller vivre une expérience unique qui pourrait bien devenir votre prochaine passion avec beaucoup de persévérance et de coup de pagaies. AL