La Côte-Nord, un pays dans un pays
En quittant Port-Cartier pour Havre Saint-Pierre, je croyais partir à la découverte de la rivière mythique Magpie. C’est le Québec que j’ai redécouvert, celui que nous, les gens de la ville, nous ignorons et même, avouons-le, que nous méprisons parfois. Ce n’est pas la feuille d’érable, partagée avec l’Ontario et le Nord-est des États-Unis, qui devrait être notre emblème, c’est l’épinette noire!
Deuxième arrêt le lundi matin 20 août à Longue-Pointe de Mingan chez Mathieu Bourdon, l’organisateur de l’expédition. Enseignant de plein-air à l’école Teueikan de la communauté Innue de Mingan, Mathieu est un amoureux de la rivière Magpie et un militant courageux qui porte à bout de bras la bataille contre les projets de barrage d’Hydro-Québec.
Pour Mathieu, organiser des expéditions sur la Magpie, ce n’est pas une entreprise à but lucratif, mais une vocation. Il le fait occasionnellement et dans le but de faire découvrir la rivière et ce, à un prix d’ami. Il venait d’ailleurs tout juste de compléter une descente de la rivière en compagnie des jeunes Innus de la réserve. Mathieu offre un service de grande classe : bouffe gastronomique préparée par un traiteur local (canard à l’orange, orignal aux fines herbes, crêpes, fraise et ananas frais sur un lit de nutella recouvert de sirop d’érable, etc), matériel de cuisine, le guide-cuisinier chargé de tout préparer et un cataraft pour transporter le tout. Il ne nous restait qu’à apporter nos kayaks, nos brosses à dents et à réserver l’hydravion.
11h, départ en hydravion : 45 minutes à 1 500 m au-dessus de la Côte-Nord, à admirer la Moisie, la Romaine et… la Magpie. Dépaysement total et un paysage avec des teintes de bleu, de vert foncé et de vert lime à couper le souffle.
Amerissage sur le lac Magpie : on commence l’assemblage du cataraft, une embarcation formée de deux flotteurs et d’une armature d’aluminium: de quoi transporter tout le bagage et plus encore! En fait, ça ressemble à rien d’élégant et quand on y place un guide dessus avec ses deux grandes rames, ça ne paie pas de mine. Mais fichument pratique!
La journée sera mollo et nous permettra d’explorer les premiers rouleaux. On entame alors notre cycle sympathique d’une dizaine de kilomètres par jour en mode "arrière-décor". Quoi, vous ne connaissez pas l’"arrière-décor"? C’est un jeu qui consiste à passer du point A au point B en prenant les détours les plus compliqués ou… les rouleaux les plus stimulants!